34. Jean-François Lesage

Empruntées à l’antiquité romaine, ce sont trois étranges mains votives,  toutes différentes, pointées vers le ciel, qui semblent soutenir le plateau, comme l’on ferait tourner un disque en équilibre fragile au bout d’un doigt, le plateau lui, illustre en broderie, la fable d’Aesope, le lion et la mouche, qui célèbre la victoire de la fragilité et de l’intelligence sur la force, mais attention à l'arrogance, la mouche pourtant agile et rapide, tout à coup, elle aussi aveuglée par l’orgueil, termine  son vol glorieux, piégée par une toile d’araignée qu’elle n’a pas su voir. 

C’est donc du génie de la main, de sensibilité et d’humilité qu’il s’agit ici. 

Les brodeurs ont su rendre avec brio toute l’illusion des gravures anciennes, les hachures sont tracées au fil de métal, les pleins et les déliés s’étirent le long des broderies de canetilles mates ou brillantes, la broderie s’arrête, disparaît et court à nouveau sur le tissu, de minuscules perles imitent par endroit l’épaisseur de l’encre, il faut presque une loupe pour laisser l’œil se promener dans cet univers brodé de l’étrange et du minuscule. 

Symboles ésotériques, trompe-l’œil poétiques, patience et virtuosité technique, magie du travail à la main, se sont donnés rendez-vous pour donner vie aux mystérieuses broderies du petit guéridon orange. 

©HMiserey